A la veille de mes 32 ans, j’ai donné la vie à mon troisième enfant. Mon troisième en 4 ans! La grossesse a été parfaite; j’ai fait des travaux de rénovation jusqu’à 7 mois, des déplacements professionnels jusqu’au même stade. Sur l’ensemble de ma grossesse, j’ai du faire 3 fois la sieste en journée. Mentalement, j’étais aussi très sereine. Je n’ai pas beaucoup pensé à cette grossesse sur le moment; tant que je pouvais avancer physiquement j’avançais. Et puis le fait de ne rien devoir acheter pour le bébé car j’avais tout gardé de mes plus grands, ça enlève une sacrée charge mentale. Même la voiture on l’avait changé avec l’arrivée du 2e! Un monospace 7 places, histoire d’être large au cas où (là, vous ne me voyez pas mais je fais un clin d’œil). Sans surprise par contre, comme pour mes grossesses précédentes, j’ai été anémiée mais je me suis vite stabilisée avec du fer Solgar (2 gélules par jour), de la spiruline (1 cac de paillettes par jour), de la Germalyne (saupoudrée sur mes repas), des vitamines Gestarelle et 1 comprimé par jour de vitamine C. J’ai pris de la tisane d’ortie toute la grossesse ou presque (riche en vitamine C, anti-anémique) que j’ai remplacée par de la tisane de feuilles de framboisier le dernier mois de grossesse. J’ai été suivie « en ville » par ma sage-femme habituelle et mes échographies ont été réalisées à l’hôpital de Lorient.

Deuxième Trimestre.

Nous avons découvert le sexe à la 2e échographie, à 5 mois de grossesse. Un 3e garçon. Moi qui rêve d’avoir une fille depuis la première grossesse, c’est un choc. Je m’écroule, je pleure devant le médecin qui ne comprend pas ce qu’il m’arrive. J’étais tellement persuadée que ce serait mon dernier enfant et avais tellement d’espoir d’avoir une fille, que j’ai eu du mal à encaisser. Deux semaines à pleurer, le jour, la nuit, j’étais même incapable d’en parler sans éclater en sanglot. Et puis en face de moi parfois j’avais des personnes qui me sortaient des réflexions qui n’avaient rien à voir avec ce que je vivais; « pense à tous ceux qui ne peuvent pas avoir d’enfant », « le principal, c’est que ton bébé aille bien ». Oui bien sûr que c’est le plus important, et bien sûr que je mesure la chance que j’ai d’avoir pu fonder une famille sans embuches. Mais j’ai aussi le droit d’avoir mes rêves, mes désirs, mes déceptions… Mes émotions qui ne concernent que… moi en fait. J’ai grandi dans une famille de femmes, je vois au quotidien depuis toujours à quel point la relation mère-fille est unique (car oui ça n’a rien à voir avec une belle-fille plus tard!), j’ai envie de vivre ça aussi ! Et ce n’est pas pour autant que je n’aime pas mes garçons, au contraire je les adore et je savais que j’allais aimer ce petit 3e aussi. J’avais juste besoin d’un temps afin d’extérioriser. Et puis je me suis relevée du jour au lendemain, en me projetant sur l’avenir. Ce ne sera pas notre dernier enfant du coup; pour le prochain j’essayerai tous les « trucs » comme par exemple le régime fille; même si ça parait ridicule dit comme ça, j’avais besoin d’espérer pour avancer. Une fois que j’ai accepté la situation, j’ai commencé à imaginer ce bébé et à l’aimer en tant que futur petit garçon. A aucun moment d’ailleurs je n’ai mis la « faute » sur le bébé; j’en ai plutôt voulu à l’univers tout entier sur le moment, mais jamais à lui.

Troisième Trimestre.

J’ai réalisé 3 fois l’analyse pour déterminer le rhésus du bébé. Étant de rhésus négatif et JC positif, c’est un passage obligatoire. Les tests sont revenus indéterminés. J’ai donc eu mon injection de Rhophylac à 30 SA comme pour mes grossesses précédentes. Mais ce n’est pas la seule injection que j’ai eu. J’ai décidé par moi-même de me faire vacciner contre le covid (je le précise bien que personne ne m’a influencée car je lis pas mal de tweets ou commentaires sur les réseaux sociaux nous traitant nous les femmes enceintes vaccinées d’ « inconscientes », voire même de « folles » et qu’on mettait en danger la vie de notre bébé; qu’ont soit clair, c’est mon corps, mon enfant, mon choix). Depuis le début de la pandémie, j’ai peur de l’attraper et de développer une forme grave. Je suis jeune et en bonne santé mais maigre aussi; qui sait comment mon corps réagirait en cas d’infection? et d’autant plus enceinte où l’on est plus vulnérable. Quand la vaccination s’est ouverte aux femmes enceintes en avril, on n’avait vraiment pas beaucoup d’information. J’ai donc pas mal lu d’articles anglo saxon sur la vaccination des femmes enceintes aux USA et en Israel et les données étaient rassurantes pour la future maman et le bébé qui profitait alors lui aussi des anticorps. J’ai donc eu mes deux injections (Pfizer) à 25 et 31 SA. Je devais initialement avoir la 2e injection à 30 SA, mais comme j’avais aussi mon injection de Rhophylac cette semaine là, j’ai préféré décalé et avoir un délai de 7 jours entre les 2. Au final, j’ai eu comme effet secondaire après la 1ère dose des insomnies les 2 nuits suivantes et absolument rien après la 2e dose.

Dernier mois… Je décide de ne faire aucune préparation cette fois-ci, même pas le massage du périnée. Je rédige mon projet de naissance pour un nouvel accouchement sans péridurale, comme pour mon 2e (je vous le mets en fin d’article). Et je lis toujours les récits d’accouchement physiologiques sur le groupe facebook « accoucher sans péri c’est possible » afin d’entretenir la motivation.

J’ai cela dit quelques angoisses à l’approche du terme. La peur de l’accouchement, des complications… la peur de mourir. Comme si je ne méritais pas de vivre un bon accouchement à nouveau. Et cette peur a disparu la dernière semaine, j’avais alors juste hâte d’avoir mon bébé.

14 août 2021, jour du terme.

Cela fait déjà 5 nuits que je suis en faux travail avec des contractions qui me réveillent tout au long de la nuit. La nuit de la veille du terme, elles sont de plus en plus fortes et rapprochées, je décide de prendre un bain et je m’habille pour aller à la maternité. Mais plus rien, je n’en ai plus. Je me recouche en attendant mon rdv de jour du terme à 11h. Au rdv, tout est impeccable; col très favorable, ouvert à 2, monitoring parfait. « La machine est prête, on attend que le moteur se lance » me dit la sage-femme en partant.

La journée est longue, on va se promener dans l’après-midi, j’ai quelques contractions. Le soir, je sens qu’elles commencent à s’intensifier légèrement et à se régulariser entre 10 et 15 min. Elles sont supportables mais je sens qu’elles gagent en intensité. On dine et je demande à ma mère de venir chercher mes deux grands. Je boucle ma valise, et on part à la maternité de Lorient, à 15 min de la maison. Durant le trajet je n’ai aucune contraction; JC me demande « On rentre à la maison? ». On attend un peu sur le parking et j’en ai une à nouveau. Je lui réponds « Non, on rentre dans l’hôpital, c’est le jour de mon terme, ça fait 5 nuits que je ne dors pas, on va voir ce qu’on me dit ». Lors de l’auscultation, j’ai des contractions toujours supportables mais quand même douloureuses et on m’annonce que je suis ouverte à 5 ! J’ai bien fait de suivre mon instinct. Direction un bloc de naissance, il est 22h.

Je ré-explique mon projet de naissance à la sage-femme qui m’accueille, le souhait de vivre à nouveau un accouchement sans péridurale. Je lui raconte brièvement ce qui m’a déplu lors de mon précédent accouchement (dans la même maternité 2 ans plus tôt): même si j’avais accouché 2h après mon arrivée à la maternité, je n’avais pas eu de capteurs mobiles que j’avais demandé et étais restée allongée tout le long, avec la poussée en position gynécologique. J’avais très mal géré la douleur du fait de cette position, surtout que j’avais très peu de répits entre les contractions ultra rapprochées. Alors dans le fond j’avais quand même aimé cet accouchement sans péridurale, et j’étais fière d’avoir réussi, mais je voulais vraiment que ce soit différent cette fois.

La lumière est tamisée dans le bloc, la sage femme me propose ballon, liane, autre chose…? Je demande juste le ballon et un coussin de maternité. Elle me pose des capteurs avec un fil de 2m, me laissant un peu de mouvement. Il y a un poste de radio qu’on allume tout de suite. On se met sur OuiFm, notre radio préférée qui est encore mieux la nuit car pas de pub. Alors je fais du ballon, je gère, les contractions sont douloureuses mais toujours espacées de 10 min, j’arrive à détendre ma bouche quand je souffle (j’essaye les sons graves que certaines femmes recommandent mais ça ne marche pas vraiment donc je reviens au souffle fin et long comme dans un sifflet). Je prends de l’homéopathie toutes les demi heures. Je danse aussi un peu (je me rappelle d’une vidéo d’un gynécologue brésilien faisant danser les femmes enceintes durant le travail). On me débranche pour aller faire pipi à l’autre bout du couloir. Je reviens, je redanse… le temps passe mais les contractions sont toujours espacées de 10min. Je commence à fatiguer en fait et limite à m’endormir entre elles. Il est 2h du matin, ça ne va pas très vite. Je suis ouverte à 8.

D’un coup les contractions changent en intensité, je m’allonge sur le lit sur le coté car je ne peux plus être debout, je hurle de douleur. J’en vis 2 encore comme ça espacées de 10 min toujours. JC tente d’appuyer dans le bas de mon dos (ce qui m’avait soulagée lors de mon précédent accouchement) mais ça ne marche pas du. tout, je lui enlève même ses mains. J’appelle la sage-femme, je commence à pleurer, je répète que je n’y arriverai jamais car ça fait trop mal (phase de désespérance bonjour!). Elle m’examine, je suis toujours à 8 mais j’ai une contraction en même temps et là elle me sort « vous êtes en train de passer de 8 à 10 là », je lui crie dessus que j’ai envie de pousser. La contraction s’arrête, la sage-femme commence à s’installer, je suis sur le coté gauche, elle sur-élève ma jambe droite dans un étrier, l’auxiliaire arrive, et on attend la contraction. Je pousse alors de toute mes forces, le bébé descend dans le bassin, la poche des eaux éclate, et le haut de sa tête sort. Fin de la contraction, on attend encore; franchement c’est un peu trop long comme temps de repos surtout quand t’as la tête de ton bébé à moitié sortie. J’ai l’impression que la sage-femme a ses doigts pour écarter, alors je lui demande de les enlever mais elle me dit que c’est la tête du bébé qui appuie, pas ses doigts; drôle de sensation. J’entends que c’est la chanson « Your sex is on fire » qui passe à ce moment là, ça me fait rire car je suis littéralement on fire, au sens propre. Enfin à nouveau une contraction, je repousse, la tête sort, mais pas le reste et évidemment je suis exténuée et dans la douleur alors que la contraction n’est pas finie. La sage-femme me dit « votre bébé n’est pas confortable là, il faut y aller! », et je ne sais comment j’arrive à trouver en moi cette force pour continuer de pousser après une grande inspiration et je sens mon bébé sortir d’un coup. Il est 2h50. On le met sur moi, je demande à attendre un peu pour couper le cordon, pas de problème; pendant ce temps l’auxiliaire frotte le bébé sur moi, mais il est mollasson, on me dit qu’il avait le cordon autour du cou, qu’il va bien mais qu’il faut le soulager. Le cordon s’arrête de battre à ce moment, le papa le clampe et le bébé part avec lui et la sage-femme dans la pièce d’à coté juste 2min, il est aspiré et prend une bouffée d’oxygène. Je l’entends enfin pleurer; (JC me dira plus tard qu’il a repris de bonnes couleurs juste après avoir été sous oxygène et qu’en fait si je ne l’avais pas sorti quand la sage-femme m’a dit qu’il était « inconfortable », ça aurait pu être grave; je ne m’étais pas rendu compte de tout ça sur le moment). Il revient tout de suite et reste 2h sur moi en peau à peau et tétée d’accueil. La sage-femme me demande si je veux voir mon placenta, je refuse mais je la remercie de m’avoir proposé. J’ai une éraillure (que je ne sens même pas quand je m’assoie). Finalement c’était plus long que pour mon 2e mais tellement plus ce que j’attendais que je suis sur un petit nuage.

Suite de couches à la maternité.

On m’annonce que la maternité est pleine à craquer, et que j’aurai le dernier lit dans une chambre double. La douche froide. Je passe donc 1 jour et 1 nuit en « coloc », et ça m’a soulé. Genre beaucoup. Je demande 5 fois le premier jour si on peut me changer de chambre dès qu’une se libère mais il n’y a pas de place. Heureusement, la maman à coté de moi, surement soulée aussi, demande à partir un jour plus tôt, j’ai pu passer le reste de mon séjour seule. C’est peut être un détail pour certains mais je trouve ça naze que les chambres doubles existent en maternité; manque d’intimité, 2 fois plus d’interruption avec le personnel, les cris du bébé d’à côté… En plus, j’étais côté porte et le rideau entre nous était tout le temps tiré, je ne voyais donc pas la lumière du jour. On a commencé à me dire que mon bébé commençait à jaunir; j’ai répondu un peu sèchement que « forcément, on ne voit pas le jour » (mon 2e avait jauni un peu à la naissance et je savais qu’il fallait le mettre près de la fenêtre pour y remédier). Et puis dernier point, avec la pandémie, nous les mamans n’avons été testées à aucun moment depuis l’accouchement à l’arrivée en chambre, ni n’avons été questionnées sur une éventuelle vaccination et je ne trouve pas ça normal du tout. Je ne sais donc pas si la mama à coté de moi est covid-free et elle ne sait rien de moi non plus. Sans être parano, rien que vis à vis des bébés, ça m’aurait soulagée que nous soyons testées.

Mais avec mon bébé tout se passe bien, l’allaitement se met bien en place, je prends vite mes marques avec lui et je me sens en forme malgré tout: je ne sens pas mon mini point au périnée, je m’assoie sans problème. Par contre j’ai trouvé les tranchées beaucoup plus douloureuses cette fois, surtout la nuit, j’ai du demander une bouillotte et ai alterné spasfon et doliprane. Ça a duré les 3 jours de mon séjour à la maternité. On m’avait prévenue qu’elles étaient plus intenses après le 2e enfant et en effet, mais elles sont aussi efficaces pour remettre l’utérus en place (on ne souffre pas pour rien en gros!). Heureusement j’avais prévu dans ma valise ma confort food, à savoir des cookies au chocolat que j’ai dévoré pour me remettre de tous mes tracas. Et ça marche bien pour le moral!

Avec du recul…

Trois semaines après la naissance de mon bébé, je fais le bilan. Cet accouchement a été vraiment comme je le souhaitais et je suis tombée sur une sage-femme parfaite ce soir-là, qui a su me rassurer et m’encourager quand j’en avais besoin. J’ai énormément de chance d’avoir eu une grossesse sans complication, et un accouchement tout aussi facile. Mon corps s’est remis sans attendre, plus rapidement que pour mes accouchements précédents. Et je sais que c’est grâce au travail + poussée dans la position que je souhaitais. Quand le corps est dans une position physiologique pour ces instants où on lui sollicite une force de dingue, il souffre moins et récupère mieux, c’est indéniable. Voilà, j’ai adoré cet accouchement et je suis prête à recommencer à l’occasion.

PROJET DE NAISSANCE

– Accouchement sans péridurale – Etre libre de mes mouvements (monitoring mobile) – Me conseiller des massages ou positions si je souffre trop pendant les contractions – Accoucher dans la position de mon choix – Pas d’épisiotomie – Pas d’expression abdominale pendant la poussée – Pas d’instruments sauf si urgence vitale pour le bébé – Etre informée des interventions avant qu’elles soient pratiquées – En cas de césarienne d’urgence sous AG : que le papa soit présent à tout moment et que le peau à peau du bébé avec le papa soit réalisé en attendant mon retour (sans complément de lait artificiel) – En cas d’impossibilité de prendre des décisions moi-même, se référer au papa – Clampage tardif du cordon (+1min si possible) – Faire du peau à peau et la tétée d’accueil tout de suite à la naissance, avant les premiers soins du bébé – Allaitement exclusif .