Confortablement installée dans mon lit de maternité, mon nouveau petit être blotti contre moi en train de téter, je commence cet article sur cette merveilleuse expérience de donner la vie pour une seconde fois. Alors que notre premier enfant vient de souffler ses deux bougies, nous accueillons notre second dans notre nouvelle vie. Tout s’est enchainé depuis la fin de l’année 2018. La décision de quitter Paris, la grossesse dans la foulée, le déménagement, puis les travaux et enfin l’installation dans notre nouveau nid il y a à peine 4 semaines. Un temps court pour installer le minimum vital, déballer quelques cartons et préparer les affaires de nouveau né précieusement gardées depuis 2 ans.

J’ai appris ma grossesse à mon retour de la fashion week de Tbilisi en Georgie à la toussaint 2018; j’ai passé là-bas une semaine horrible de nausées. Non seulement j’ai fait une intoxication alimentaire dès mon arrivée, mais en plus j’avais les premiers symptômes d’une grossesse encore inconnue. J’ai fait tilt en rentrant. Je me rappelle encore de notre discussion avec JC qui me suivait peu convaincu dans cette possibilité de quitter Paris pour une vie plus simple et plus saine en Bretagne; il m’a alors dit « finalement, cette nouvelle conforte le choix de partir ». Nous sommes donc partis de Paris après la première échographie par le médecin qui m’avait suivi ma première grossesse. Un homme que j’apprécie énormément, et que je ne voulais pas « quitter ». Par chance, j’ai réussi à faire coïncider mes autres échographies lors de déplacements professionnels à Paris tout en trouvant une sage femme libérale pour mon suivi mensuel dans ma ville bretonne. A vrai dire, ça tombait bien que cela se passe comme ça pour plusieurs raisons. La première est que j’aime être en confiance avec des médecins et que dès que j’en ai un bien, je le garde. La 2e raison: les délais bretons! Pour avoir un rendez-vous pour une échographie, il y a plus d’un mois de délai, alors qu’à Paris c’est moins d’une semaine. Concernant la sage femme, il m’en fallait une en Bretagne, même si j’adorais également celle de Paris pour ma première grossesse, je n’avais pas le choix. J’ai regardé sur internet et en ai trouvé plusieurs dans ma ville. J’ai alors choisi une qui proposait des massages shiatsu, des séances d’hypnose et de la préparation en piscine dans son cabinet (qu’elle partage avec un kiné). Ma grossesse s’est merveilleusement déroulée, je ne sais pas si j’étais moins centrée dessus car « je connaissais déjà », ou bien si c’est parce que j’avais mille autre choses à penser avec mes travaux de rénovation, mais le temps est passé vite et bien. Toujours négative à la toxoplasmose, et avec mon rhésus négatif (conjoint rhésus positif + premier enfant rhésus positif), je savais que j’allais devoir contrôler la toxo chaque mois, et faire des injections pour le rhésus à 6 mois et à l’accouchement comme pour ma première grossesse; ce n’est franchement rien du tout, rien de ça ne m’a inquiétée. Ma seule contrariété a été une grosse sinusite où j’ai du prendre antibiotiques et corticoïdes à 7 mois de grossesse mais c’était indispensable tant mes maux de tête étaient puissants. A part ça, que du bon! J’ai pu avancer mes travaux, faire de la peinture, et même me passer de sieste jusqu’au dernier mois! J’avoue ceci-dit que c’était difficile de m’occuper de mon premier qui était dans une période où il testait ses et mes limites; mais heureusement il a pu canaliser son énergie débordante et bien sur cet apprentissage de la nouvelle vie pour lui aussi (passer de la « grande ville » à la campagne avec un jardin, des poules et des moutons, ça fait beaucoup de changements!), en commençant sa nouvelle vie sociale avec l’entrée dans deux crèches. Deux car nous n’avons pas trouvé d’accueil régulier donc avons du choisir deux accueils ponctuels dans deux établissements.

De mon coté, j’ai continué de travailler jusqu’en avril (6 mois et demi de grossesse) avec des déplacements à Paris. Etre photographe est un métier physique et je ne me voyais pas continuer après mon dernier shooting où je suis rentrée cassée en deux. Mais j’avais tellement d’autres choses à faire en Bretagne que tout s’est bien enchainé sans frustration. J’ai commencé la préparation en piscine à 32 SA avec ma sage femme et j’ai adoré! J’ai également fait une séance de massage Shiatsu et une d’hypnose avec elle lors du dernier mois. Et deux séances de « rappel » de cours de préparation à l’accouchement. Je m’étais mise en tête d’accoucher sans péridurale cette fois-ci. Pour mon premier, j’avais suivi le mouvement, je n’étais pas informée, tout était classique et dans les cases. Et même si j’en garde un bon souvenir, j’ai aussi un petit sentiment de frustration d’être passée à coté de mes sensations en n’ayant rien senti. 20h de travail en même temps… Aurais-je pu faire autrement? Pas sure ! Bon, je me suis motivée cette fois. Je me suis inscrite dans un groupe Facebook où se lient demandes de conseils et témoignages d’accouchements naturels et physiologiques. J’ai lu deux livres: « J’accouche bientôt, que faire de la douleur? » qui est un vrai guide et une référence pour comprendre le processus de douleur et d’enfantement, et la Méthode de Gasquet pour l’accouchement qui donne de nombreux conseils et exemples de positions afin de préserver au mieux son corps (et son périnée!). J’ai même acheté un ballon de pilate afin de faire des petits exercices pour soulager mon dos en fin de journée. Comme pour ma grossesse précédente, j’ai commencé la tisane de feuilles de framboisier à 38 SA ainsi que les massages du périnée au même moment. La tisane est conseillée pour préparer l’utérus à des contractions efficaces pour le Jour J, et le massage à l’assouplissement du périnée afin d’éviter la grosse déchirure (ou pire encore: l’épisiotomie, ma hantise). Je suppose que j’avais la bonne méthode car pour mon premier la sage femme m’avait félicité pour la souplesse de celui-ci. Le seul hic est que j’avais mal fait ma rééducation, ou du moins pas assez. J’ai du en cours de cette seconde grossesse reprendre des petits exercices car j’avais des sensations de pesanteur au dernier trimestre mais aussi parce qu’il est important d’avoir un périnée un minimum musclé pour l’accouchement. Autre détail important à remédier: j’étais anémiée. Malgré le fer que je prenais, ça ne remontait pas. Pour mon rendez-vous du 9e mois, je n’ai pas vu ma sage femme libérale, mais celle de la maternité. Elle triple littéralement ma dose de fer. Je ne prends pas de cachets donc pour moi c’est du sirop (le ferrostrane) que je supporte bien et couple avec de la vitamine C naturelle à base d’acerola afin de bien le fixer. La sage-femme valide ce sirop qu’elle prescrit souvent à ce qu’elle me dit, mais malheureusement la dose que je prenais jusqu’à présent n’était pas assez forte… Et il reste à peine 3 semaines jusqu’au terme pour remonter ça et ainsi m’éviter une hémoglobine trop basse le jour J (peut être embêtant en cas de perte soutenue de sang). Je profite cela-dit de ce rendez-vous pour montrer mon projet de naissance. C’est peu connu mais sachez que vous avez le droit d’écrire ce que vous souhaitez ou ne souhaitez pas pour vous et votre enfant, dans la limite du possible et de l’urgence du moment. Pour moi, rien de vraiment excentrique; 10 points qui me semblent importants comme le souhait de ne pas avoir de péridurale, être libre de mes mouvements, le refus de l’épisiotomie, le peau à peau et la mise au sein directe avant les soins du bébé, mes consignes en cas de césarienne, mon souhait d’allaiter. Chaque point est validé et on me rassure sur la vision de la maternité de Lorient que je ne connais pas encore…

Le Jour J.

A moins de 10 jours de mon terme, je suis encore en forme. Je m’occupe de mon fils chaque matin pour l’emmener à la crèche, je continue de déballer des cartons et de ranger notre maison, je fais des lessives tous les jours… bref, une vie normale. Ce vendredi matin là après avoir déposé mon fils à la crèche, ma mère me parle me parle dans la foulée d’une église dont elle a entendu parler, Notre Dame de Délivrance à Quintin (35) qui possède une relique de la ceinture de la vierge Marie depuis les croisades et bénit avec cette relique des rubans alors mis en vente (sur place ou sur internet); pour les femmes en mal d’enfants, pour aider lors de la grossesse, pour protéger la mère et l’enfant pendant l’accouchement, etc… Bon, je ne suis pas une grenouille de bénitier mais croyante et j’aime ce genre de traditions et tous ces mystères autour de phénomènes miraculeux (cf mon expérience chez une guérisseuse aux Philippines). On décide donc d’y aller l’après midi. 1h15 aller, 1h15 retour, sous 30 degrés. Peut être une folie? Mais tout se passe bien, je ne reviens pas fatiguée… et j’ai mon ruban qui me protège du coup!

Je retrouve mon conjoint et mon ainé, des amis viennent nous rendre visite pour l’apéritif et je ressens les premières contractions vers 19h30. Elles sont différentes, de plus en plus douloureuses et rapprochées. Je prends une douche à 21h quand nos amis partent afin de voir si ça se calme un peu mais rien n’y fait, la douleur est là; je boucle mon sac et nous nous préparons pour la maternité. Dans la voiture, les contractions se rapprochent encore et sont vraiment douloureuses. Arrivée à la maternité à 21h30, je suis dilatée à 5. On me met direct en salle de naissance en me faisant une prise de sang afin de contrôler l’anémie et mon éligibilité à la péridurale au cas où. Je n’arrive pas à soulager les contractions ni sur le ballon (la salle en avait un), ni à quatre pattes, ni penchée les mains sur le lit; bref, tout ce qui était recommandé dans le livre de Gasquet ne marche pas pour moi. Je m’allonge donc sur le côté coussin de maternité entre les jambes (ils en avaient un aussi), mon conjoint me masse le bas du dos en même temps que les contractions et c’est bien comme cela; j’alterne souffle fin et long (comme appris en cours) et hurlements de douleurs. C’est fou car je voulais vraiment accoucher sans péridurale mais je n’y crois plus à ce moment là. Je ne crois plus du tout en moi et en ma capacité à supporter la douleur alors que je sais pourtant que c’est naturel et tout à fait possible d’y arriver. Mais combien de temps cela va durer? Normalement c’est 1cm de dilatation par heure + le temps que le bébé descendre dans le bassin. Donc plusieurs heures encore surement. Le temps de récupération lui, parait si court entre les contractions, j’ai l’impression de ne vivre qu’elles et de ne pas assez me détendre lors des minutes sans elles. J’apprends que je suis en phase de désespérance, elle est normale mais surmontable. La poche des eaux se fissure et j’accepte que la sage femme la perce totalement, elle me promet que ça va accélérer les choses; elle même me dit que je suis tendue et pas dans ma bulle donc ça bloque un peu. À 22h45, à ma grande surprise je suis à dilatation complète, et on me demande d’être prête à pousser. Bon, on ne va pas se mentir, c’est difficile et douloureux de pousser, surtout que je n’ai pas le réflexe de poussée; peut-être que c’était trop tôt? Tout va si vite, je n’ai plus vraiment le temps de réfléchir et fais entièrement confiance à la sage femme présente qui me motive. Je n’arrive pas avec le souffle fin qui est sensé accompagner lors des contractions, ça marche mieux avec le souffle bloqué mais c’est plus fatigant pour reprendre sa respiration et enchaîner les poussées. Quand la tête est là, c’est le plus douloureux je pense, mais on sait qu’on touche au but! Je hurle, je pousse de toutes mes forces, je broie les mains de mon conjoint jusqu’à sentir ce petit poids qui me quitte d’un coup… 23h10: son premier cri. Bébé est mis en peau à peau et au sein pendant 1h30 avant les soins… Je suis toujours autant fascinée par l’instinct de succion. Et moi en attendant je suis surveillée car je perds beaucoup de sang. Injection d’ocytocine, sac de sable sur l’utérus et expressions abdominales assez souvent pour finalement au bout de 3h voir les saignements s’arrêter. J’ai eu un peu peur car on me parlait d’une éventuelle révision utérine sous anesthésie et je pense toujours à mon anémie. Les résultats de la prise de sang arrivent alors rassurants, la dose de fer triplée même prise pendant 2 semaines a suffit à remonter mon hémoglobine. Je peux enfin monter en chambre me reposer, encore totalement sous le « choc » de cet accouchement si rapide et si intense à la fois. Et la douleur est déjà loin, oubliée. Je suis sereine, heureuse d’avoir vécu cet accouchement, d’avoir réussi mon pari sans péridurale, et c’est un pur bonheur de se lever du lit directement après et de sentir ses jambes! Franchement au prochain, je me prépare encore mieux mentalement, mais certainement que je retente le coup! Je comprends désormais toutes les femmes dont j’ai lu les témoignages dans les livres et sur internet, je comprends après avoir vécu un accouchement avec péridurale et sans que je préfère sans, que ça va plus vite et qu’on reste maitre de son corps et de ses sensations. Je pense d’ailleurs que le corps se remet mieux et plus vite, c’est ce que je ressens en tout cas.

Alors je ne sais pas si c’est le fait d’avoir fait de la voiture ce jour là ou si c’est ce ruban béni qui a provoqué mon accouchement dans la foulée et m’a donné cette belle expérience d’accoucher si rapidement, mais en tout cas, je garde l’anecdote précieusement liée à cet enfantement totalement réussi.

L’après.

Finalement le séjour à la maternité est comme un moment de flottement. On découvre notre petit être dans un décor neutre, on profite de lui tout en ré-apprenant à s’occuper d’un nouveau né. Bien sûr l’instinct est présent mais certaines choses étaient oubliées depuis le premier. Je redécouvre avec fascination l’odeur si rassurante et envoutante d’un bébé au lendemain de sa naissance, la même que pour mon ainé mais dont je n’avais aucun souvenir jusque là. Je suis contente de ne pas avoir de visite à part JC et ma mère; et mon fils bien sûr qui est venu rencontrer son petit frère. Je réalise à quel point il a grandi et qu’il n’est plus un bébé… Le temps est précieux et c’est un luxe éphémère de pouvoir profiter de son nouveau-né sans être constamment sollicité de visites, je pense que c’est un point important à considérer; les proches et amis peuvent comprendre et attendre quelques jours pour venir rencontrer le bébé si tel est VOTRE choix. Et puis par hasard, je tombe sur mon feed sur un article posté par Karine la sage femme (qui tient un blog plutôt connu au Quebec, et qui est de plus en plus connu et partagé dans les témoignages d’accouchements physiologiques en France) sur le postnatal. Je vous le conseille, il est rempli de sens, justement sur ce rapport au corps en tant que jeune mère qui a besoin de repos physique et psychique. Physiquement, je suis moins cassée que pour mon premier accouchement, et quel plaisir d’avoir pu remarcher et sentir ses jambes directement après l’accouchement sans péridurale! Mais je prends conscience que mon corps a besoin de temps, un temps que je n’avais pas pris pour mon premier mais que je compte bien apprécier ce coup-ci. « A l’horizontal » comme dit Karine la sage femme. Après tout, le temps passe si vite, un bébé grandit si vite, autant profiter pleinement de ces instants éphémères, le reste attendra.

La maternité.

J’ai accouché à la maternité de Lorient et je n’ai que du bien à en dire que ce soit pour l’accouchement ou pour la suite de couches. Le personnel est adorable et très à l’écoute. Ils sont même très bons au niveau de l’équipement des salles d’accouchement pour les accouchements physiologiques (coussin, ballon, capteurs mobiles). On m’a même proposé de rester une nuit de plus si je le souhaitais et j’ai accepté.
Ce que je pourrais conseiller de prendre pour le séjour: ses tisanes/collations, des hauts à col large ou qui s’ouvrent pour allaiter et des pantalons souples pour rester au lit avec confort, son propre coussin de maternité pour allaiter (un vrai must have en fait: pendant la grossesse il permet de bien dormir en le calant entre les jambes, et après l’accouchement, il sert de coussin d’allaitement), de la lanoline pour les douleurs aux seins lors de la montée de lait, une petite veilleuse afin de changer bébé la nuit sans lumière agressive, des couches et produits lavants d’une marque qu’on apprécie si on veut éviter les échantillons marketing de la maternité, des bodys et pyjamas pour le bébé qui s’ouvrent par devant (franchement, je le dis et redis, ceux qui s’enfilent par la tête sont trop compliqués à mettre à un nouveau né). Pour mon premier j’étais passée directement à la taille 1 mois, il était grand à la naissance et n’avait jamais porté les 4 bodys 0 mois que j’avais acheté. Alors pour ce 2e, je ne les avais même pas pris! Et ce fut une petite erreur car il était plus petit! Mais je les avais tout de même mis de coté et JC me les a apporté le lendemain, ça allait beaucoup mieux, les 1 mois étaient vraiment trop grands… Alors je sais ce qu’on dit, que le 0 mois est marketing, mais finalement 4-5 bodys en 0 mois peuvent servir au début. Et puis pour finir, ne pas oublier son appareil photo, et son ordinateur si on veut regarder des petites séries de temps en temps…

Ici mon article sur les premiers achats pour bébé, tous domaines confondus, que j’avais écrit il y a deux ans, j’espère qu’il pourra donner des idées ou encore aiguiller des jeunes et futurs parents. Et ICI tous mes articles sur la maternité depuis ma première grossesse en passant par l’allaitement.